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Macron et l’hôpital en quelques chiffres abjects

Dimanche dernier, un bébé de 13 mois en détresse respiratoire a été refusé aux urgences pédiatriques de l’hôpital public de Saintes. Quelques semaines plus tôt, une patiente de 85 ans était retrouvée morte dans un conteneur à ordures du centre hospitalier d’Aix-en-Provence, le 23 février au soir. Chaque semaine, des brèves morbides de la même veine. Une hécatombe silencieuse se déroule à l’hôpital. « La vérité, c’est que quand il y a des morts, on ne fait pas remonter », confesse des soignants esseulés.

Dans la 7ᵉ puissance du monde, 150 patients, en un mois, sont morts faute de prise en charge et de moyens suffisants. Le chiffre provient du syndicat Samu-Urgence France et date de décembre 2022.

Depuis, rien n’a changé. Lits supprimés, 2 soignants sur 3 en burn-out, conditions de travail infernales, budgets saccagés, les morts se comptent sur les brancards et les soignants n’en peuvent plus, maltraités par une politique qui les prive des moyens humains et matériels suffisants pour accomplir leurs missions.

29 800 lits d’hôpitaux supprimés entre fin 2016 et fin 2022

Après 15 000 sous Hollande et 37 000 sous Sarkozy, Emmanuel Macron s’inscrit dans la droite lignée de politiques néolibérales privilégiant le profit de quelques-uns à la santé de tous. Au total, ce sont 40.000 lits supprimés depuis 2013, et 80.000 depuis 2000. En parallèle, les besoins de soin augmentent au sein de la société.

Une politique explicitement mortifère !

1 500 mort.e.s aux urgences par an pourraient être évités

Chaque année, ce sont plus de 1500 perdent la vie alors qu’elles auraient pu être sauvées selon les chiffres du syndicat SAMU URGENCE FRANCE.

Le syndicat en comptabilisait ainsi 150 par mois en décembre 2022. Ces 150 sont des « morts inattendues » ; autrement dit, soit parce que ces personnes ont attendu trop longtemps pour pouvoir être secourues, soit parce qu’elles n’ont tout simplement pas pu y être prises en charge faute de moyens. Sans surprise, ce décompte reste d’actualité et risque même d’augmenter avec les annonces de casse supplémentaires de l’hôpital public. Voilà le prix de politiques néolibérales subies depuis des années.

8 milliards : le trou budgétaire manquant pour l’hôpital public

La Fédération hospitalière de France, représentante institutionnelle des hôpitaux, considère qu’il manquait 3 milliards d’euros pour le budget de 2023 à cause de l’inflation. Elle réclame une hausse minimale de 5% pour 2024, soit environ 5 milliards d’euros supplémentaires. Il manque donc au bas mot 8 milliards d’euros au bas mot pour faire fonctionner l’hôpital public.

Des heures d’attente, des fois jusqu’à 48 heures sur un brancard avant d’être hospitalisé

Aux urgences comme à l’hôpital, les soignants ne sont plus en capacité d’accueillir les patients, y compris lors de situations d’urgence. Certains d’entre eux attendent des heures dans les couloirs, sur des brancards quand ils sont disponibles, faute de leur trouver une place dans des délais convenables.

Ces situations de non-prise en charge involontaires mènent parfois, de plus en plus, à des drames. C’est le cas du décès de Lucas aux urgences d’Hyères, après 8 heures d’attente agonisante. Sa famille a porté plainte pour homicide involontaire. C’est aussi le cas de Josiane , 66 ans, décédée après 10 heures d’attente à l’hôpital d’Eaubonne en Essone, ces enfants aussi ont porté plainte pour non-assistance à personnes en danger. Les jours passent et ces histoires d’abandon se répètent inlassablement, partout en France. Les patients sont abandonnés sur des brancards .

« Je voudrais qu’ils se rendent compte qu’il y a des gens qui meurent quand on ne s’en occupe pas », déclarait il y a quelques semaines la mère de Lucas, 25 ans, décédé lui aussi aux urgences faute de prise en charge et après avoir attendu plus de 8 heures à l’hôpital d’Hyères. Comme Joëlle, Lucas et Josiane, ils sont de plus en plus nombreux à mourir à l’hôpital, victimes directes de l’inaction politique et malgré les alertes répétées, sans cesse, des soignants qui décrivent un « enfer ».

Une information qui a des allures de déjà-vu. « La vérité, c’est que quand il y a des morts, on ne fait pas remonter », confesse des soignants esseulés. Tel est le résultat d’un système de santé sabordé par des années de néolibéralisme, incarné par la suppression de 21 000 lits d’hôpitaux en cinq ans.

En France, ⅔ des soignants en burn-out, un quart ont des pensées suicidaires et 3 soignants se suicident tous les deux jours

Les politiques néolibérales maltraitent les patients comme les soignants. Les soignants sont en souffrance chronique. Deux tiers sont en burn-out, un quart pensent à se suicider. Surtout, ils sont de plus en plus à passer à l’acte. Trois soignants se suicident tous les deux jours. Un chiffre glaçant, que le gouvernement a délibérément décidé d’ignorer, tout comme les divers appels à l’aide des personnels d’hôpitaux partout en France.

85% des soignants considèrent que les conditions de prises en charge des patients se sont dégradées récemment

Si la mise à mal de l’hôpital public ne date pas d’hier, les soignants sont une immense majorité à souligner l’approfondissement tout récent de ces dégradations. Dans une enquête réalisée fin 2022 par Action Patients, 85% des soignants déclarent que la prise en charge de leurs patients s’est considérablement dégradée entre septembre 2022 et septembre 2023. La moitié des patients interrogés ont déclaré avoir fait face à des difficultés de prises en charge personnelles lors de l’année écoulée.

22 millions de Français abandonnés dans un désert médical

Un tiers des Français vivent dans un désert médical, dans la 7ᵉ puissance mondiale. Un chiffre honteux, auquel seule une action politique forte peut répondre.

Une profession en décomposition : le taux d’abandon d’études pour devenir infirmier et aide-soignant est passé de 5 à 25%

Sans surprise, la dégradation des conditions de travail des soignants a des conséquences durables sur l’attractivité de l’emploi. Le taux d’abandon d’études est désormais d’un quart par an. Les étudiants en formation d’infirmière sont aujourd’hui trois fois plus nombreuses à abandonner en première année qu’en 2011.

Moins bien payés que dans le reste de l’OCDE, les soignants et infirmières français sont à bout de souffle dans un système qui les maltraite et leur interdit d’exercer leur profession convenablement.

À ce rythme, qui pourra bien soigner les français dans les années à venir ? Surtout, quels français auront le luxe de se pouvoir se faire soigner ? Le saccage des services publics est une constante des politiques néolibérales et Il est plus que jamais en marche.

Le gouvernement annonce ainsi une purge pour les services publics et la sécurité sociale ( - 10 milliards en 2024, - 20 milliards en 2025 et 65 à 80 milliards sur le quiquennat de l’apprenti boxeur).

Parallèlement, aucune remise en cause de la fiscalité du capital, au contraire, Bruno Le Maire, qui proclame sa haine de l’état providence, annonce une nouvelle baisse des impôts de production et les aides aux entreprises( notamment les plus grandes) sans confitionnalité atteignent désormais 160 milliards d’euros par an, le premier poste de dépenses budgétaires ( 31 % du budget de l’Etat).

Article publié le 25 mars 2024.


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