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Alors que l’on parle à peine d’expérimentation de la semaine de 4 jours dans la Fonction Publique, la Direction Générale des Finances Publiques demande aux directions locales si elles veulent faire partie, pour certains de leurs services, de l’expérimentation avant le 22 avril.
À l’heure ou l’organisation du travail questionne, où les conditions d’exercice de nos missions ne cessent de se dégrader, où les aspirations changent, notamment depuis la crise du Covid, où la conciliation entre vie privée et vie professionnelle devient un sujet central, la semaine en 4 jours ne peut être une réponse satisfaisante si elle ne s’accompagne pas d’une véritable et conséquente réduction du temps de travail.
La note Fonction Publique du 22 mars 2024 (copie en pièce jointe) indique que le nombre d’heures annuel de 1607h est inchangé. Elle indique également que les autres dispositions continuent à s’appliquer
Nous avons calculé les conséquences pratiques de la semaine en 4 jours sans réduction du temps de travail :
– Si les modules horaires sont conservés :
– En se calant sur des heures d’arrivée type, cela donne :
Pas besoin d’être grand clerc pour constater que cette semaine en 4 jours exclut de fait les personnes avec contraintes familiales ou les personnes ayant des trajets longs pour rejoindre leur lieu de travail.
En plus, beaucoup de bâtiments ne sont pas ouverts de 7h à 19h, ce qui obligera les collègues, afin de faire leurs heures, à réduire leur module horaire ce qui fera perdre des jours ARTT.
Pire, l’administration pourrait décider de diminuer le nombre de jours de congés. En effet, la détermination du nombre de jours de congés annuels dépend du nombre de jours travaillés par semaine. Avec la semaine de 4 jours, légalement, le nombre de jours de congés pourrait mécaniquement baisser !
La note évoque également le retrait des jours RTT pour les agents au forfait et le plafonnement du télétravail à 2 jours maximum pouvant être réduit à 1 jour par semaine si le fonctionnement l’impose, et ce sera le cas !
A l’heure du manque d’attractivité, S. Guerini met en avant le licenciement dans la Fonction Publique (qui d’ailleurs existe déjà pour manquement ou faute grave). Et l’administration rendrait presque service à ses agent.es avec la semaine en 4 jours qui leur permettrait, selon elle, de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle ? Sauf qu’à la DGFIP, candidater à l’expérimentation se ferait par service alors que la note Fonction Publique indique que celle-ci se fait sur la base du volontariat de l’agent
Pour la CGT, tel qu’acté dans la note Fonction Publique, la DGFIP ne comptant aucune mission justifiant de retenir, par exception, un volontariat par service, le caractère individuel du volontariat s’impose à cette expérimentation.
La semaine en 4 jours détruit les organisations personnelles des collègues :
Ce concept est déjà expérimenté depuis mars 2023 à l’URSSAF Picardie sur la base du volontariat. Si 70 % des 200 salariés éligibles trouvaient l’idée intéressante, dans les faits, seuls 3 l’ont accepté, uniquement des personnes sans enfant à charge. Chez les 197 autres, le nouveau format a été jugé incompatible avec la vie de famille et notamment les horaires de crèche et d’école.
En Belgique, la semaine en 4 jours ouverte à toutes et tous depuis fin 2022 n’a convaincu que 0,5 % des salarié.es, 99,5 % ne voyant pas comment faire en 4 jours ce qu’il est déjà difficile de faire en 5.
Les seules expériences qui ont fonctionné à l’étranger ( Irlande, Allemagne, Espagne...) sont celles qui s’accompagnent d’une réduction du temps de travail et de la création d’emplois.
Pour la CGT Finances publiques, au vu du contexte social de notre administration, des alertes répétées sur les conditions de travail, la Direction Générale ne peut se permettre cette mise en place à marche forcée. Aucune régression en matière de droits et de conditions de travail des agents n’est acceptable.
Article publié le 17 avril 2024.